Julio Silva
Boulevard Brune. Pastel et aquarelle de Julio Silva, circa 1972-75
(Presque) tous les Artistes sont un peu comédiens au moment où ils entrevoient une possible photographie que les rendra, peut-être un jour, immortels.
Allumer une cigarette, avec des grandes tirades de fumées bleues comme dans les chansons, leurs mégots entre leurs doigts jaunis. Ils effleurent la toile peinte, ou la forme spirituelle en montrant un petit détail. Parfois, le pinceau tenu serré entre leurs dents, ils gesticulent faisant semblant d’êtres détaché du regard qui les fixe et qui vont les capturer quoi qu’ils fassent. D’un seul coup ils s’immobilisent, s’appuient sur le dos d’une chaise, ou sur un châssis vide indiquant subtilement qu’il y aura d’autres toiles, Puis ils fixent de leurs yeux allumés, un lointain imaginaire. C’est là que le photographe ne doit pas attendre.
Tout est là en place : l’Oeuvre, l’ Artiste, la cigarette, et le support qui rassure. Comme la bouée pour le naufragé, la canne blanche de l’aveugle ou la béquille de l’unijambiste, le filin guidant le plongeur en apnée filant dans les profondeurs de son intérieur.