Dans les rues de Kyoto, Japon, mai 1970
Tout était nouveau, surprenant, jamais vu avant d’être arrivée là.
En découvrant les jarres de saké entassées dans une rue de Kyoto, je n’imaginais pas avant ce premier voyage qu’elles puissent exister.
Je ne connaissais pas ou très peu le goût du saké tiède, découvert pour la première fois à Paris quelques années plus tôt. Et j’aimais ça.
Les jarres étaient rondes, joufflues, un peu aplaties, enveloppées de paille de riz.
On pouvait faire le tour avec les bras comme pour les embrasser.
De grands signes noirs étaient peints sur une fleur de chrysanthème blanche, que je devinais être une calligraphie, dont les gens de ce pays sont les maîtres.
Tel le moine bouddhiste Sengai Gibon, maître de l’encre de Chine l’Univers : du bout du pinceau, un rectangle, un triangle et un cercle et tout est dit.
J’étais muette devant tant de beauté ancestrale rustique. La lumière oblique sculptait le bombé de la jarre et le visage surgissant de la pénombre.