François Weyergans, écrivain, réalisateur, Académicien Immortel
Paris, Rue de l’Echaudé, circa 1963-1965
Si François Weyergans devait être un objet, il serait un livre. S’il devait être un détail, il serait une page, et s’il devait être le détail du détail, il serait un mot, Ecrivain.
Les nuits étaient ses jours, et le petit matin sa nuit. Cependant il lui arrivait souvent de venir rue de l’Echaudé, et de parler de ses projets cinématographiques en attente, ou réalisés :
Béjart, Hieronymus Bosch, Statues, Voleuses, Bresson, et parler de son “intense émotion après Vivre sa vie”1. Godard lui avait montré une copie de travail, et “revu hier L’Année Dernière à Marienbad qui me réduit au silence”2.Il parlait de ses lectures : Aline de Ramuz qu’il nous avait fait découvrir et à la première lecture nos larmes étaient en équilibre, la Gradiva qui n’a jamais arrêté de marcher. Je crois que si hier était aujourd’hui, rien ne changerait. Son phrasé trébuchant en cascade, sa vivacité d’esprit, ses connaissances érudites illimitées. Il savait tout, il sait tout. Il pouvait aussi s’asseoir sur le bord du lit et rester là, la Boyards Caporal, papier jaune maïs au coin des lèvres, et lire.
C’est ainsi que je l’ai retrouvé, sur un vieux négatif sous-exposé, mais dont le contre-jour sur l’image, révèle que même avec peu de lumière on peut tout voir, lire, entendre, écrire, et transmettre, à qui voudra y être sensible.
1. Correspondance
2. Correspondance